Une des périodes idéales pour faire le Tour du Cervin est incontestablement fin août, début septembre. Ce sont ces dates que Michel et Daniel ont choisi pour nous
emmener là bas. Accompagnés par 10 volontaires dont Danielle, Jackie, Monique, Annick, Doïna et Sylvie chez les dames, Damien, Michel, Pierre et Bernard pour les messieurs, nous voilà
partis pour ce périple de 10 jours.
Jeudi 26 Août, c'est le départ depuis Briançon où nous nous regroupons dans les voitures et direction Oulx par la route, puis Aoste par l'autoroute et enfin Prarayer
par la route. L'aprés midi premier échauffement pour le groupe puisqu'il faut rejoindre le refuge de Prarayer à 1 heure environ du parking du lac de Place à Moulin. Accueillis par Raimonda, la
propriétaire du gite, nous attendons sagement autour d'une Moretti l'heure du repas et celle du repos.
Mais avant cela nous allons essayer les crampons, les régler plus précisèment. Cela permet à ceux qui avaient oublié comment se familiariser avec ces appareils
avant l'exercice en réel sur le glacier, le Théodule que nous devrons passer le surlendemain.
La nuit a été bonne, le petit déjeuner aussi et nous voilà fin prêts pour la première étape.
Vendredi 27 Août, Prarayer - Perrucco Vuillermoz belle traversée qui débute par un cheminement sur la rive gauche du lac avant de prendre à gauche le vallon du
torrent de Valcornera. Un long cheminement nous conduit au col de Valcornera puis une descente directe nous permet d'atteindre le refuge Perrucco. Ce refuge il est le bienvenu car la dernière
partie de la montée au col s'est faite dans des conditions dantesques, froid, vent, pluie se transformant en grêle et même quelques coups de tonnerre. Nous sommes arrivés trempés, même les sous
vêtements, heureusement que le vent s'est levé et nous avons pû, avec des moyens de fortune, faire sécher tout notre linge. A l'intérieur du refuge une soupe chaude, un bon thé chaud, un repas
agréable et une bonne nuit dans l'unique dortoir bien rempli et le lendemain tout le monde est au top.
Samedi 28 Août, Perrucco Vuillermoz - Cabane Gandeg, aujourd'hui c'est passage en Suisse. Le matin le temps est maussade, beaucoup de nuages, de la pluie fine mais du
soleil aussi. Nous voyons quand même que le beau temps semble vouloir s'affirmer et il s'améliorera tout au long de la journée. Nous descendons jusqu'au lac de Tsignanaz pour monter ensuite
jusqu'à la Fenêtre de même nom. Là, longue descente pour rejoindre Breuil Cervinia où le téléphérique nous monte au sommet du domaine à 3479m. C'est là que nous mettrons les crampons pour
rejoindre, par le glacier de Théodule, la célèbre cabane Gandeg. A Gandeg, sur la terrasse nous dégustons notre bière avec plein Ouest le Cervin et plein Est le Mont Rose. Au Nord le Petit Cervin
et son téléphérique qui fait d'incéssants aller retour. Bref un petit paradis toutefois un peu gaché par les fils et le béton. La nuit sera magique dans le dortoir de douze où nous apercevons la
lumière verte de la gare supérieure du Petit Cervin. Le matin au réveil ballet d'hélicoptères pour un sauvetage d'alpinistes pris dans une crevassse avant d'entamer la descente sur
Zermatt.
Dimanche 30 Août,
Cabane Gandeg - Zermatt, journée presqu'exclusivement consacrée à la descente avec toutefois une variante par rapport au trajet classique. Nous prenons le chemin des écoliers pour
admirer la face Nord du Cervin pour cela nous montons à la station du Schwarzee, nous contournons jusqu'à Biel avant de rejoindre Zmutt puis Zermatt. Et c'est à l'auberge de jeunesse que nous
résiderons, un tour rapide dans Zermatt, un peu de lessive et une soirée trés sympathique dans cette ville interdite aux véhicules à moteur. Seuls les véhicules électriques ont droit de circuler
ici, les vélos bien sûr sont nombreux mais le piéton ici est roi.
Lundi 31 Août, Zermatt - Europahutte, le réveil n'est pas des plus agréables car la pluie, fine toutefois, est d'actualité. Alors en nous pressant lentement nous nous
dirigeons vers la gare de départ du funiculaire de Sonegga. Il faut quand même ici respecter les horaires et c'est à 8h30 précises que nous embarquons dans le funiculaire. 10 minutes suffisent
pour en sortir et commencer alors notre marche horizontale vers Europahutte. Vite la pluie cesse et d'un bon pas nous dominons la vallée pour atteindre la passerelle d'Europahutte puis la cabane.
Ce trajet horizontal nous aura quand même fait faire 800m de D+ car ce n'est qu'une succession de montées descentes qui, au final, représente cette dénivelée. La passerelle d'Europahutte c'est
impressionnant, 300 m de long environ et un bon rayon de courbure, voyez la photo. En tout cas elle est trés utile car sans elle il faut descendre vers Randa pour remonter ensuite. Cette
passerelle est récente, inaugurée en juillet, elle remplace l'ancien sentier qui a été détruit par un éboulement il y a une demie douzaine d'années. Pour le gîte c'est du trés confortable, bonne
bière, bon repas, bonne nuit et tout semble OK pour mardi.
Mardi 1 Septembre, Europahutte - Saint Niklaus, aujourd'hui aussi c'est du trajet dit horizontal qui se terminera par un D+ de 900m, mais c'est
surtout la traversée des casses. Qui dit casse dit pierrier et de la pierre nous en avons mangé. Sylvie l'a même goûtée dans une chute spectaculaire où elle s'est entaillée la lèvre et félée un
côte. Nous avons eu trés peur mais finalement tout s'est bien passé. Sauf pour Annick qui, aprés le repas, s'est retrouvée avec une grosse tendinite au genou. Nos deux blessées aprés
consultation à Grachen nous ont retrouvés à Saint Niklaus et si Sylvie pourra continuer avec nous, Annick elle devra jeudi rejoindre Briançon en taxi suisse. Le taxi suisse nous dira t'elle plus
tard c'est un taxi dont tu connais l'heure de départ, pour celle d'arrivée elle est variable. Pour notre groupe avant Grachen, au village de Gasenried nous avons pris les bus postaux pour
rejoindre Saint Niklaus, son auberge, son restaurant et dans des chambres à deux lits nous avons dormi comme des anges.
Mercredi 2
Septembre, Saint Niklaus - Gruben, Sylvie, Annick et Doïna rejoignent directement l'hôtel à Gruben, les 9 autres prennent le téléphérique à benne de 4 places pour rejoindre le
hameau de Jungu. Les trois rotations effectuées nous voilà réunis pour attaquer le col de 1 ère catégorie au nom compliqué : Augstbordpass puis une descente assez longue (D- 1050) qui nous
mène à Gruben où nous résiderons au gîte hôtel du Schwarzhorn. Nous retrouvons Sylvie, Annick et Doïna, installation autour d'une bonne bière dégustée au soleil couchant (c'est bon la bière au
soleil couchant) puis douche, un peu de lessive, repas et repos dans le dortoir de 12.
Jeudi 3 Septembre,
Gruben - Zinal, les premières attentions au réveil sont pour Sylvie et Annick, vous le savez déjà Sylvie va, elle continue, Annick ne va pas, elle rejoint la France et Briançon. Les
autres déjeunent, enfilent le sac et attaquent la bonne montée au Meidpass (2790m). Au lac de Meidpass, sous le col, Pierre en profite pour une bonne baignade et Damien qui vérifie avec sa montre
la température n'aura ensuite plus l'heure. La descente qui suit nous mène à Saint Luc où nous prenons le car postal pour rejoindre le charmant village de Zinal. C'est dans une auberge de
jeunesse que nous dormirons ce soir aprés une longue causerie avec le patron. Nous apprendrons que Zinal est une des stations les plus précoces en neige et que c'est là que s'entrainent les
équipes nationales de ski dès le mois de novembre. C'est dans la spécialité de descente que les coureurs viennent ici parfaire technique et vitesse. La nuit sera fort réparatrice, le réveil
et le petit déjeuner devront être rapides car il faut prendre le téléphérique à 8h30 le lendemain.
Vendredi 4
Septembre, Zinal - Arolla, le téléphérique démarre à 8h30 et à 8h30 précises nous démarrons pour atteindre la gare intermédiaire de Sorebois. Le soleil n'est pas encore là aussi nous
gardons veste, gants et bonnet pour attaquer le col de Sorebois (2895m), au premier virage arrêt pour quitter la veste tant le soleil nous éblouit et nous réchauffe. Descente alors sur le lac de
Moiry. Au lac Sylvie et Michel un peu fatigués, et pour tenir compte de la journée du lendemain, préfèrent prendre le car pour rejoindre directement Arolla. Les autres s'attaquent derechef au col
de Torrent (2916m) et puis la descente se termine au village de Villa, où les bus postaux nous conduisent aux Haudières puis à Arolla. A Arolla nous résidons à l'hôtel de la Tsa, cet hôtel
ressemble comme un frère à celui de Gruben. En effet ces hôtels sont des bâtisses victoriennes qui fleurissent ici dans le Valais. Ils furent construits sous la reine Victoria au moment où les
alpinistes anglais aux noms célèbres, Tuckett, Wymper, le révérend Coolidge ou Madame Breevort arpentaient les sommets des Alpes pour les conquérir. Architecturablement ils se composent de 5
niveaux, au RDC les cuisines et salles à manger, au 1er les belles chambres, au 2nd et au 3ème des chambres, au 4ème les dortoirs.
Samedi
4 Septembre, Arolla - Prarayer, réveil à 7h00 car pour la dernière journée il faut passer le glacier et surtout assurer une longue étape. Le réveil est difficile pour Michel qui a de la
fièvre et qui se sent un peu zombie. Bref la patronne de l'hôtel nous mène dans son 4X4 au départ du sentier (cela nous fait gagner environ 3/4 d'heure de marche à plat). Nous attaquons alors
l'unique col de la journée le col Collon (3112m) mais avant de l'atteindre il faut passer la longue, trés longue moraine, mettre pied sur le glacier plat mais tout de même légèrement crevassé et
terminer par un deuxième glacier. Le col présent la descente sur Prarayer est, elle aussi, longue dans un cadre de haute montagne mais le plaisir de retrouver Raimonda et la Moretti enlève la
fatigue engendrée par la montée. Michel a réussi aprés un traitement de choc proposé par Jackie à abandonner l'état de zombie qui l'a accompagné jusqu'au glacier. Ensuite, sans être la forme
olympique, il a terminé sans encombre la descente. Tous ensemble nous devons lui tirer notre chapeau car faire ce qu'il a fait ce jour là beaucoup ne l'aurait pas fait.
Dimanche 5 Septembre, Prarayer - Briançon, bonne nuit dans les mêmes dortoirs que la semaine précédente avec en fond d'écran les familles
italiennes qui viennent passer ici les derniers WE avant les classes. Il ya il papa, la mamma e tutti i bambini et croyez moi cela s'entend. Mais bon il faut bien que cela se passe et c'est quand
même mieux de venir passer ici une nuit que des rester scotché devant la télévision ou autre chose d'approchant. Nous, nous partons lentement retrouver nos véhicules au parking, nous ne pourrons
pas acheter de fontina car c'est dimanche et le magasin du barrage est fermé, les autres aussi dans les villages. Une fois en voiture nous roulons jusqu'à Cesana Torinese et après nous être
perdus, puis retrouvés nous déjeunons ensemble au restaurant puis nous rejoignons dans la joie et la bonne humeur Briançon pour les uns, Guillestre, Abriés et Savine pour les autres.
Et c'est ainsi que se termine ce périple, magnifique tour autour du Cervin que nous avons pu admirer au coucher et au lever du soleil. Nous l'avons presque touché
du doigt dans sa robe ocre du matin, le Mont Rose admirable ensemble rose le soir, noir le matin. Et puis que dire de ces 48 sommets de plus de 4000m que nous avons cotoyé durant cette semaine.
Leurs noms sont compliqués à dire pour nous mais il y a là le Breithorn (4159m), le Weisshorn (4506m), et bien sur, d'autres encore. Un dernier mot sur Zermatt et sa vallée et notamment le
village de Randa témoin d'un trés grand éboulement dans les années 1980 qui a coupé Zermatt du monde pendant quelques semaines. Et les traces de cet éboulement sont particulièrement bien
visibles sur les étapes Zermatt - Europahutte - Saint Niklaus.
Et pour finir cette dernière image de notre sympathique groupe.