En ce début d’année 2014, précisément lors de la galette des rois, Ghislaine et Michel ont proposé un séjour d’une semaine dans la vallée d’Ossola sise sur la commune de Bognanco. Dans l’assistance tout le monde, sauf Babette et moi, connaissait évidemment cet endroit. Comme nous sommes curieux nous avons topé pour ce séjour et en ce début juillet nous voilà embarqués dans cette aventure italienne.
Pour mémoire, je vais rappeler la situation de la vallée d’Ossola. Pour la trouver il suffit, depuis Briançon, d’escalader le Montgenèvre, de se laisser descendre à Oulx , de glisser par les autoroutes italiennes d’abord jusqu’à Turin, puis longer le Lac Majeur avant d’atteindre Domodossola. Cette ville, en bordure du fleuve Toce est la capitale de ce lieu. C’est par elle que passent tous les véhicules et tous les trains qui, pour atteindre la Suisse, traversent soit par les tunnels soit par le col du Simplon. Bognanco n’est pas très loin de Domodossola il suffit de prendre la route qui se termine aux villages de San Bernardo à droite et de Gomba à gauche. C’est ce que nous avons fait pour poser nos valises en face des chalets du camping Yolki Palki à Gomba. Et là l’aventure a commencé.
Tout d’abord c’est à Domodossola, au lieu-dit Sacro Monte Calvario que, Samedi 5 Juillet après avoir fait le trajet détaillé plus haut, nous nous sommes entrainés pour cette longue semaine. Les voitures garées au parking du monastère, c’est sac à dos que nous avons entamé la superbe visite des hameaux perchés. Anzuno, Molini, Tappia, Gabi Valle, Quartero, Lazzare sont traversés et visités.Remarquable architecture de ces maisons en pierres aux toits de lauzes. Véritables bijoux qui surplombent cette vallée intense dont, hélas, les bruits gâchent un peu le plaisir. En effet au Sud-Ouest de Domodossola la grande gare de triage du ferroutage accueille chaque quart d’heure un long convoi, lequel s’il évite la pollution liée à la consommation de gasole, augmente la pollution auditive. Pour revenir aux villages, but principal de la balade, il faut retenir celui de Tappia. Les voitures sont stationnées à l’entrée et les maisons se succèdent, reliées les unes aux autres, par des ruelles en lauzes et au milieu coule un joli ruisseau surplombé par un pont en pierre. De retour au parking nous quittons Sacro Monte Calvario mais au préalable avant de reprendre les voitures, nous faisons le tour du monastère. Celui-ci, classé au patrimoine de l’Unesco, est également remarquable. Il faut retenir les chapelles qui forment le chemin de croix. Et à l’intérieur les personnages grandeur nature représentent les scènes des quatorze stations. De retour au parking c’est direction Gomba pour atteindre le camping de Yolki Palki qui va nous héberger pour la semaine. Je vois la surprise de nos amis lecteurs en lisant le mot de camping, effectivement Yolki Palki est voué au camping, mais sous certaines conditions et offre certaines formules. Ghislaine et Michel ont choisi celle de la demi-pension, repas au restaurant et couchage en chalet de 4 personnes.C’est donc dans quatre chalets que nous nous répartissons, ici inutile de retenir le numéro il suffit de se rappeler que les uns sont à Larice, les autres soit à Acero, Abete ou Betulla. Et une fois le repas du soir avalé c’est une bonne nuit qui nous attend dans ces habitations de bois.
La nuit réparatrice se termine Dimanche 6 Juillet de bonne heure pour un petit déjeuner mi classique, mi occidental. Bien requinqués par cet intermède obligatoire, c’est direction le parking de San Bernardo au-dessus de Gomba que nous laissons les véhicules. La randonnée du jour ce sont les lacs de Paione. Il y en a trois de lacs à Paione, l’inférieur, le médian, le supérieur. Qui dit lac dit eau nécessairement et pour qu’il y ait de l’eau dans les lacs il faut qu’il pleuve. Bingo vous avez deviné il pleut, oh pas des trombes mais une pluie genre Bretagne. La pluie qui commence calmement, qui s’arrête parfois, pour reprendre ensuite régulièrement. Ce genre de pluie ça décourage le bon randonneur car il ne fait que bâcher et débâcher le titulaire du sac à dos. Et cela l’ennuie, forcément. Et c’est dommage ce temps-là car nous n’avons quasiment rien vu de cette belle randonnée.Nous avons toutefois fortement apprécié le bivouac de midi car Michel avait porté une grande bâche que nous avons déroulée pour éviter le crachin. Pendant ce temps Jean Paul et Nicolaas s’exerçaient à garer le sous-marin de glace qui naviguait dans le lac. Mais aucun des deux n’a véritablement réussi, il aurait fallu pour cela qu’ils prennent pied sur le bâtiment, mais ils n’ont pas osé. De retour au camping nous avons eu le plaisir de retrouver nos derniers randonneurs, Dominique et Roger qui nous ont rejoints dans leur camping-car tout beau tout propre. Et pour fêter ces retrouvailles c’est au son de la guitare de Claude que quelques chansons ont été répétées pour la soirée prévue … plus tard.
Le lendemain, plus précisément Lundi 7 Juillet Claude a dû nous quitter dès 9 heures pour raison personnelle et la balade prévue, compte tenu du temps encore plus médiocre que celui de dimanche, a été remplacée par une plus courte. Retour au parking de San Bernardo et là, direction gauche pour rejoindre le Refuge de Gattascosa. Superbe randonnée facile dans la forêt pour atteindre un petit bijou de refuge en bordure d’un lac. Il y avait d’ailleurs tellement de brouillard que beaucoup parmi nous, le lac ils ne l’ont pas vu. Par contre le vin chaud au refuge ils l’ont bien apprécié ce qui leur a permis de rejoindre sans encombre le parking. Le brouillard et la pluie fine nous ont accompagné tout du long, mais Michel, futé, a pris soin de suivre la large piste dont il savait qu’elle ramenait au bon endroit. Un mot sur ce refuge de Gattascosa c’est un point d’appui pour rejoindre la frontière suisse au col de même nom distant seulement de moins d’un kilomètre et 200m de dénivelé environ. Par beau temps il est alors conseillé de suivre la crête avant de redescendre sur la large piste précitée. Le retour au camping s’est donc effectué de bonne heure et a permis de prendre un peu de repos et de vaquer à des occupations diverses avant de préparer le programme du lendemain.
Et voilà arrivé à grand pas la journée de Mardi 8 Juillet. Un temps que même en Islande il n’y en pas (en fait je n’en sais rien je n’y suis jamais allé). Pour tout dire le ciel est noir et la pluie tombe lentement, mais elle tombe sans arrêt cette fois. Ghislaine et Michel décident alors de nous faire découvrir la région de la pointe Nord de l’Italie juste avant la Suisse. Et nous voilà à Premia où nous faisons la découverte des Urridi créés par les vallées glaciaires. Ces gorges où l’on circule à pied sont sèches maintenant et l’eau souterraine a creusé ici de magnifiques falaises qui constituent les anciennes rives et au milieu desquelles nous avons randonné. Pour le repas de midi c’est sous le porche de la chapelle Santa Lucia, où à l’abri de la pluie, nous nous sommes installés. Reprenant la route, et en passant par le village au nom évocateur de Fondevalle, nous avons garé à nouveau les véhicules au sommet de la Cascade du Toce. Pour une cascade, c’est une cascade en bas il n’y a aucun souci pour remplir le verre de pastis, ni pour prendre la douche, le débit est largement suffisant pour les deux opérations. Toutefois pour la douche celui qui s’y colle risque de ne plus en prendre ensuite. Une petite dégustation de chocolat italien ou de cappucino au restaurant hôtel du sommet et le retour sous la pluie nous ramène tranquillement à Gomba. Là les opérations classiques de fin de journée de randonnée ne nécessitent point de commentaires, hormis la cérémonie relative au programme du lendemain. Ghislaine et Michel nous proposent alors religieusement un circuit vers le Passo di Variola la météo consultée sur les différentes tablettes annonçant un temps relativement clément.
Et effectivement Mercredi 9 Juillet le temps est clément. Pourtant ce matin-là, ou plus précisément la nuit précédente, un invité sournois s’est invité. Ce lascar répond aux multiples et doux prénoms de Gaspard, Anselme, Sosthème, Trophime, Réginald, et Onésime plus communément appelé Gastro par ses parents dont le nom de famille est Entérite. Cette personne, non désirée, génère sur l’individu qui l’a invité une incapacité à participer à une quelconque aventure. C’est donc réduit à 13 que notre groupe rejoint le parking de San Bernardo bien connu maintenant pour attaquer via l’Alpe Paione le lac de Variola. Ce lac précède de quelques centaines de mètres le col éponyme que nous rejoignons après une pause déjeuner en bordure d’un torrent. Du col une seule solution nous est offerte, c’est le retour, mais avec une petite variante, et cette variante c’est par l’Alpe Dorca. Et quel retour le troupeau il a investi ce lieu d’alpage. Et pour l’investir il a utilisé le sentier et parmi vaches, moutons, chèvres, ânes et chevaux il y en a qui ont invité Gastro. Et sur le sentier, bref je ne vous dis pas les petits détours nécessaires pour éviter de glisser. Les obstacles vite et bien surmontés, la troupe rejoint facilement le parking puis le gîte pour terminer très agréablement la journée. Les chalets alors s’animent, les préparatifs pour le lendemain s’organisent et au prêche le soir Ghislaine et Michel nous informent que le but de la balade de jeudi sera l’Alpe Dévéro à l’entrée de la vallée de Fondevalle celle traversée déjà mardi. Et comme la route sera longue la mauvaise nouvelle c’est lever à 6H30 pour un déjeuner à 7H00 précises.
Le smartphone nous réveille bien à 6H30 ce Jeudi 10 Juillet et vite après déjeuner c’est route vers Dévéro. Cela prend pas mal de temps pour atteindre le grand parking de ce village d’alpage, où il faut toutefois acquitter la modeste somme de 5€ pour stationner le véhicule. Cette formalité exécutée, il faut quand même garder à proximité la cape, le poncho ou le vêtement de pluie car l’horizon est bas. Ce matin pour la balade nous sommes 13 car Dominique et Roger font une pause, ils sont remplacés par notre hôte de Yolki Palki le très sympathique Giancarlo. Nous commençons en longeant le torrent déversoir et c’est sur la piste de raquettes n°1 que nous atteignons un superbe village d’alpage répondant au nom de Crampolio dont nous ferons plus ample connaissance au retour. Nous atteignons rapidement le lac Dévero, lac naturel bénéficiant d'une digue barrage l’ayant largement agrandi. Ghislaine, qui mène la balade aujourd’hui, nous propose alors de faire le tour de ce lac ce qui nous prendra une bonne partie de la journée entrecoupée par la pause pique-nique. Une fois une goutte de Grapa dans le gosier c’est le retour à Crampolio pour découvrir les facettes de ce village où les maisons en pierres avec toits de lauzes sont toutes plus belles les unes que les autres. Le gazon anglais qui sépare un groupe de maisons devant la chapelle est du plus bel effet et, s’il n’était aussi humide, il nous inviterait à une longue sieste. Sieste que nous ne pouvons de toute manière pas envisager tant le retour sur Gomba est impératif car ce soir c’est la soirée spectacle et il ne faut pas que les acteurs soient en retard. Nos artistes briançonnais s’étant entrainés presque toute la semaine ils sont tout à fait au point, mais nos amis italiens voulant donner le change préparent en mangeant leur répertoire. Il y a Stefano qui vient prêter main forte à Giancarlo et c’est dès les tables nettoyées que commence alors un véritable festival. Nos choristes emmenées par Gabrielle et nos accordéonistes Marrein et Dominique auxquelles s’est joint la guitare grattée par Michel répondent à la triplette italienne dont le chef d’orchestre Aricocul choisit les différents morceaux et chansons. Et c’est vers minuit que se termine ce match amical sur le score de 10 partout, chaque équipe ayant interprété les 10 tirs au but nécessaires en cette période de coupe du monde. Fatigués mais contents nous partons rejoindre chacun nos dortoirs en nous donnant rendez-vous pour demain 8 heures.
Demain c’est devenu aujourd’hui et en ce Vendredi 11 Juillet c’est direction Macugnaga que nous nous dirigeons. Il faut environ 2H00 pour rejoindre ce haut lieu piémontais. Macugnaga c’est au pied du Mont Rose, mais pour y arriver la route grimpe, tourne et pour ajouter un peu de piment elle n’est pas très large. Pour vous donner une petite idée c’est un peu comme la route du Granon, mais avec beaucoup de petits villages traversés. De plus il y a beaucoup de touristes et pour les acheminer ce sont des gros cars qui les transportent. Et bingo que nous arrive-t-il, vous avez deviné ce ne sont pas 1 ni 2 mais 3 cars qui sont devant nous. Bon, à la faveur de quelques élargissements ils laissent le passage mais ce n’est qu’à 10H30 que nous stationnons nos véhicules sur le parking du télésiège. Un peu de queue avant de le prendre ce qui nous propulse au départ de la randonnée vers 11H00. La randonnée c’est le Lac glaciaire delle Locce au pied du glacier de même nom, glacier situé au Sud de l’ensemble du Mont Rose. Cet ensemble nous le voyons en grande partie sauf les sommets qui aujourd’hui sont blancs de neige mais aussi de brouillard. Ici pourtant nous ne sommes qu’à 2200 mètres d’altitude, mais c’est ambiance haute montagne. Les moraines sont impressionnantes et le torrent de cailloux qu’elles ont généré est particulièrement intéressant. Le retour se fera dans les mêmes conditions que l’aller, il précèdera une visite de Macugnaga, site incontournable pour ceux qui feront, peut-être dans un avenir proche, le Tour du Mont Rose. Il ne reste plus maintenant qu’à remonter en voiture et rejoindre Gomba. Mais que croyez-vous qu’il nous arrive au retour, bingo vous avez deviné, les 3 bus du matin ramènent les touristes, et là nous sommes restés derrière jusqu’en bas dans la vallée. Mais nous avons quand même rejoint Yolki Palki pour une dernière soirée. Yolki Palki, voici un nom bien étrange qui n’a rien de consonance italienne, et c’est normal car c’est une expression d’origine russe. Je vous livre donc la traduction telle que je l’ai trouvée sur Internet :
Palki Yolki - : Expression : "oh merde." Traduction littérale : pommes de pin et de bâtons
Nous y préférons celle que Giancarlo nous a donnée : « nom d’un petit bonhomme » avec arbre et bâton pour chaque mot. Pour nous arbre cela nous va, les baliseurs apprécient, bâton aussi les randonneurs utilisent. Quant à « nom d’un petit bonhomme » c’est vraiment une expression qui vient à point dès l’arrivée dans un tel site, à laquelle nous avons ajouté « quel lieu formidable ». Site que bien sur nous vous recommandons si vous désirez passer quelques jours dans le Nord du Piémont.
Et voilà que le soleil se lève Samedi 12 Juillet, il annonce le retour vers les vallées des Hautes Alpes que nous entreprenons après avoir chargé les voitures, dit au revoir à nos hôtes. La descente vers Domodossola que nous connaissons bien maintenant précède une dernière halte dans cette ville importante. Samedi c’est jour de marché ici et les rues, fermées à la circulation, sont occupées par les étals des forains. Ici tout peut se trouver mais nos animateurs nous ont donné rendez-vous, pour une dernière visite, à 11h00. C’est le village médiéval de Vogogna tout proche qui nous attend. Une visite intéressante pour découvrir ses rues agréablement pavée, mais surtout son château qui a été rénové dernièrement et qui domine de sa grande masse le village en dessous. Un dernier repas alors dans le jardin d’enfants tout proche du parking suivi d’un bon café longo pour certains, corto pour d’autres et c’est le départ pour le 05 qui est donné, chaque voiture l’effectuant à sa guise.
L’Italie est une destination que nous apprécions fortement à l’ARBB et chaque fois les participants à ces sorties, qu’elles soient d’une journée ou à l’occasion d’un séjour, sont toujours fort appréciées. Cette semaine dans le Nord du Piémont a répondu totalement aux attentes des 14 participants. Ce séjour, organisé de main de maîtresse de la part de Ghislaine, s’est avéré remarquable. Le « road book » très bien documenté, le choix du gîte, les propositions de balade et les replis dus au temps nous ont permis de passer cette semaine sans aucun souci. Michel, par sa connaissance forte de la montagne, a parfaitement complété ce duo, qui pour sa première proposition de séjour a atteint la note fort remarquable de 19 sur 20. Merci Ghislaine merci Michel et rendez-vous maintenant pour d’autres aventures.